Sensibilisation aux vibrations

Personnellement il me souvient qu'il y a une quarantaine d'années (alors en classe terminale d'un petit collège de province) passant devant la classe de musique, je pus entendre le verbe sonore du professeur « ...placez bien votre voix, faites vibrer la note, allons on recommence un, deux... » et s'exprima la vocalise. Je n'ai nul souvenir dans ma scolarité de n'être jamais entré dans une salle de musique. L'expérience d'apprendre le solfège qu'avait tenté sur moi ma mère alors que je n'avais pas six ans avait été un désastre. Son rappel me tint même éloigné des chorales. Bref le seul moment où il me semble avoir entendu parler des vibrations dans l'appareil scolaire me semble être en cours de physique. En première on étudiait encore l'optique et la propagation rectiligne de la lumière. Quelques développements sur les rayons X et sur le fonctionnement des rayons cathodiques qui me valurent pourtant une note maximale à l'examen en cette matière ne m'avaient pas particulièrement imprégné. Il en a été de même de l'étude du magnétisme et du solénoïde... Cela se passait quelques années seulement après Hiroshima.

Depuis les radiations m'ont bien rattrapé par mon entourage dont plusieurs personne très proches ont dé être soignées, si l'on peut dire par irradiation...
Quant à l'enseignement que j'ai pu dispenser à divers niveaux et dans plusieurs disciplines depuis 40 ans, il faut avouer que les programmes n'en faisaient pas obligation et pour cause.
Par ailleurs, sans aptitude spécifique j'ai reproduit le schéma que j'avais suivi et j'ai le sentiment de ne pas avoir sensibilisé mes élèves à la question, même si un jour un inspecteur venu me voir m'a dit, mezzo voce : « c'est bien, le courant passe ».
Commentaire de l'un des professeurs qui avait accepté de faire répondre ses élèves au questionnaire.
« A l'école, si en cours de physique, j'ai pu entendre parler des vibrations, je ne m'en souviens plus. Je n'ai été ni sensibilisé aux vibrations ni confronté au problème.
Comment ai-je pu sensibiliser mes élèves ? A propos de l'actualité, de catastrophes, des risques de guerre. A partir d'explications de textes de J. J. Rousseau, les vibrations au sein de la nature...
Dans mon enseignement mes remarques n'ont pu être que ponctuelles et sans grand intérêt pour les élèves ».
Un autre littéraire : « j'ai comme beaucoup sans doute essayé de sensibiliser mes élèves sur toutes sortes de questions mais toujours à côté de l'essentiel. Oui, j'ai été comme on dit à côté de la plaque, j'ai pensé que la TV fatiguait les jeunes, que ce n'était pas un instrument pédagogique, sans doute par crainte de me voir détrôné comme dispensateur de la bonne parole et pourtant la TV est comme la langue d'Esope avec ses deux faces. Mais je pensais qu'il n'y avait de vrai que la lecture. A propos des vibrations, je n'ai pas de souvenir d'avoir pu intégrer quoi que ce soit. Peut être à propos des rayons X quand j'ai été concerné et confronté au problème de la mort de mon beau-frère atteint du cancer des radiologues et encore je n'ai pas le souvenir d'avoir fait passer le message dans aucune de mes classes ».
De nombreux témoignages vont dans le même sens. Que leurs auteurs m'excusent de n'avoir pu leur faire une place dans cet ouvrage.
Pour être objectif, en 1970 quand j'ai eu le feu vert de mon proviseur pour que mes élèves fassent une tombola (ou plus précisément un tirage par souscription) je réussis à introduire par ce biais un premier magnétoscope dans l'établissement. La même opération doubla le parc l'année suivante, etc... au grand dam de certains collègues pour lesquels je devenais un empêcheur d'enseigner en rond.
Ils voyaient la seule lecture comme moyen pédagogique sérieux.
Pourtant les anglicistes pouvaient recevoir les chaînes anglaises et emboîtèrent le pas. Aujourd'hui la chose est devenue banale. A l'époque je dus plusieurs fois me faire l'avocat de cet instrument que les enseignants ne devaient pas dédaigner et vanter aux élèves les mérites des ondes de la télé et de la radio qui nous permettaient d'actualiser l'enseignement, de créer une motivation supplémentaire.
Celle-ci était toujours obtenue lorsque les élèves se rendaient compte que l'on pouvait utiliser des notions, des connaissances qu'ils pouvaient acquérir dans la vie de tous les jours.
Ceci dit nos habitudes culturelles nous empêchent de nous ouvrir tous, autant que nous sommes, suffisamment à un monde en constante mutation.
Je ne me souviens plus exactement où j'ai lu ou entendu l'anecdote suivante dont je ne puis m'abstenir de transcrire ici l'idée tant elle m'a paru transparente et significative.
Des ethnologues avaient un jour dans un village des papous de l'intérieur de la Nouvelle Guinée effectué la projection d'un film dans le but pédagogique de montrer la vie dans une ville moderne de l'autre côté de la montagne, sur le littoral. Ainsi les indigènes purent voir défiler toutes les images de la civilisation moderne sous leurs yeux sur l'écran aménagé à cet effet sur la place du village : les grands immeubles, les magasins, le super marché, les grandes avenues avec leurs éclairages lumineux la nuit, la circulation automobile etc... Lorsque l'on demanda à ces gens ce qui les avait intéressés et ce qu'il avaient retenu de cette projection, la réponse fut étonnante. Tous avaient vu une poule qui était la seule créature qu'ils avaient pu identifier avec leurs références. Parce qu'ils en élevaient, ils la connaissaient. Tout le reste n'était que kaléidoscope d'images colorées sans signification particulière. A contrario, nos ethnologues n'avaient pas particulièrement remarqué cette volaille en liberté dans un petit jardin.
Ce qui montre que tous autant que nous sommes, fonctionnons de cette manière.
Ainsi pour en revenir à cette enquête, on peut mieux comprendre les réponses des élèves qui sont intégrées dans notre tableau récapitulatif. L'objet du questionnaire, nos deux concepts, n'avaient pas été suffisamment remplis de signification pour eux. Il en est de même pour les adultes et les professeurs interrogés.
On ne peut qu'en tirer la conséquence logique, contenue tout entière dans l'adage bien connu « la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a ».