Données climatiques

Le climat en Bretagne

Le climat océanique est particulièrement bien réalisé en Bretagne. Il se caractérise d'abord par une atmosphère presque perpétuellement agitée. De la mer souffle des vents du secteur occidental. C'est de l'automne au printemps que les tempêtes sont les plus fréquentes mais, même en été, les calmes absolus sont rares.

Les valeurs des graphiques ont été relevées sur 12 ans (de 1986 à 1998) à l'aéroport de Trémuson. Les valeurs de 2000 et 2001 s'écartent des moyennes de manière significative.

précipitations

Les précipitations (700 mm/an) sont moins importantes qu'au centre de la Bretagne mais les pluies s'étalent sur plus de 120 jours et sont les plus abondantes en automne. Elles décroissent depuis le début de l'année (76 mm) jusqu'en juillet (29 mm) puis croissent jusqu'en janvier. En été les averses y sont beaucoup moins nombreuses et l'arrosage des parcelles est impératif.

Cette persistance (voire excès) de pluies en automne/hiver, encore plus significative cette année (800 mm en 5 mois d'hiver, 1,7 fois plus abondantes que la norme en janvier 2001 et 2,4 fois en mars) et l'année dernière, augmentent le risque de lessivages et de battances des sols. Une couverture végétale sous forme d'engrais vert atténuerait le phénomène. Elle a retardé la préparation des sols pour la mise en place des cultures et provoqué une asphyxie des plants en places.

Sur l'année : 703,6 mm avec 48,4 mm de moyenne par mois (123 jours de pluie)

La grêle ne pose pas de problème significatif, et se présente sous forme de giboulées au mois d'avril.

Température

Les données montrent une influence océanique marquée qui adoucie les températures et réduit l'amplitude thermique des écarts journaliers et saisonniers. Celles-ci augmentent de janvier (3,2 à 8,2) à mi-juillet (12,6 à 20,9) pour ensuite redescendre jusqu'en décembre (4,1 à 9,1), ce qui donne une amplitude thermique de 17,7. Les jours de gel sont peu nombreux (22 en moyenne) mais sont possibles d'octobre à mi-avril.

La douceur de l'hiver permet la culture de primeurs. Cependant le type de terre implique leur mise en place  sous tunnels avec pose d'un P17 les jours les plus froids ou même de chenillettes nantaises.

Grâce à l'altitude et aux mouvements atmosphériques, surtout au printemps, les températures gagnent jusqu'à 1 degré par rapport aux vallées avoisinantes.

De même, grâce à l'atténuation des températures extrêmes, certaines cultures sous abri sont encore possibles l'été.

Il peut geler d'octobre à avril et neiger de novembre à avril. Sur l'année : 33 maximum, -11 minimum, moyenne de 10,9

Vent

Le département est sous l'influence majeur des vents océaniques. Les vents, constants sur l'année, prédominent de Sud-Ouest à Ouest tant en fréquence qu'en vélocité. Des vents de secteur d'Est viennent dans une moindre mesure surtout courant avril. Ils peuvent dépasser les 100 km/heure. Des vents de Sud-Est apparaissent parfois mais de courtes durées, annoncent le mauvais temps et les orages en été. En moyenne il souffle en rafales 87 jours à plus de 16 m/s et 4 jours à plus de 28 m/s (100 km/h).

  2 à 4 m/s
  5 à 7 m/s
  > 8 m/s
|__| 2%
Fréquence annuelle moyenne de 1988

L'importance du vent n'est pas à sous-estimer dans la cas d'installation de tunnels ou même de bâches plastiques de plein champ qui peuvent se soulever. Plusieurs tempêtes venant du Sud ont déjà secoué la Bretagne et occasionné de nombreux dégâts. La ferme se situant au sommet d'une colline sur le point le plus élevé de la côte, la vitesse du vent augmente et des brises vents artificiels ou des haies vives s'avèrent indispensables.

Soit une vitesse maximale instantanée de 48 m/s sur l'année. avec une direction moyenne de 200

Insolation

Annuellement l'ensoleillement des Côtes d'Armor se situe aux environ de 1600 heures, allant de 60 heures par mois au printemps jusqu'à 220 heures en été. Ces valeurs sont supérieures à celles du Centre Bretagne et restent dans la moyenne régionale. La côte est moins nuageuse et la lumière est moins dissipée. A cause des précipitations de ce printemps, la lumière à chuté de 25 %

Soit 1580 heures d'insolation par an

Ce facteur prend toute son importance sous tunnel et devient un facteur limitant. Un déficit de lumière (et souvent de température) entraîne un ralentissement de la végétation.

Le choix des cultures

Ce climat plutôt doux est favorable et ne limite pas le choix des cultures en général. Il est même possible de se risquer à des cultures tardives de plein champ (comme le brocoli ou le fenouil). Les légumes racines peuvent rester en terre l'hiver pour être ramassés jusqu'en janvier. Le temps de travail du stockage ainsi que le besoin en bâtiment en est limité.
L'altitude du lieu et le brassage aérien réduit les risques de gel, mais la pente orientée au nord est un handicap. Ce peut être insuffisant pour permettre la culture de pomme de terre primeur qui est très sensible au froid.
L'ensoleillement est insuffisant pour les cultures exigeantes comme la vigne, et limite les cultures très précoces sous abri (pour la tomate, le melon, l'aubergine, le concombre, etc...).

L'observation de la diversité des cultures déjà en place montre clairement le bénéfice de la situation géographique.

Un profil de sol

La situation géographique

La parcelle étudiée, cultivée en maraîchage, se situe à Ploufragan, à 15 km de la mer et à 165 m d'altitude. Elle donne une idée du contexte agronomique de la ferme. Le climat océanique est doux et humide.

plan d'analyse

 

Les Côtes d'Armor font partie intégrante du vieux massif Armoricain dont l'ossature est formée de roches granitiques et de schistes anciens.

La pente, orientée NE-SO, est très limitée et régulière. Des haies ceinturent le clos sur 3 côtés : Ligne de ronciers et chênes clairsemés le long de la route au sud ; Ligne dense de lauriers palmes d'1,8 m de haut à l'est ; Ligne de chênes et châtaigniers avec quelques ajoncs au nord ; ouverture à l'ouest. Un fossé NE-SO sépare le clos en deux et longe un talus de 40 cm. Ces haies protègent correctement la parcelle des intempéries du SO. Le soleil pénètre bien.

Nous sommes le 18 novembre 2000.

Premières observations

Les bâtiments alentours sont de pierres (granits et autres minéraux).

En bord de champs la flore spontanée se compose de renoncules, rumex, vesces, matricaires, orties, chiendents, stellaires, laiterons, ajoncs... Ces plantes indicatrices poussent sur des terre neutre à plutôt acide. La stellaire couvre les parties travaillées et non cultivées. C'est un indicateur de présence d'humus actif dans le sol. Des stations de séneçon indiquent une terre bien travaillée « de jardin ». Aucune culture n'est encore en place.

battance


Des averses tombent régulièrement depuis quelques jours. L'humidité s'observe bien en surface. On trouve même quelques flaques d'eau. Au premier regard, les zones nues montrent une terre lisse ressemblant à une croûte de battance. Elle colle aux bottes mais se nettoie facilement dans l'herbe. Ce sont des indices de terre limoneuse.

Le premier horizon

Sa profondeur est de 40 cm. La pelle s'enfonce bien, dans une terre homogène, qui retient bien l'eau (bonne microporosité).

Aucun cailloux n'est visible sauf quelques quarts de moins de 2 cm.

premier horizon


La terre, de couleur brun foncé indique la présence de matières organiques. Mais de nombreux amas noirs (quelques mm) de matières organiques non décomposées indiquent un apport récent de compost.

La terre peu compacte se défait bien sous les doigts en petits grumeaux. La macroporosité est faible. Les boudins de terre humides se forment et se cassent facilement. La terre crisse peu sous les doigts ou sous les outils. La texture est limon argilo-sableux selon le triangle de texture, à structure grumeleuse. Le taux d'argile est d'environ 15 %

Les racines moyennement abondantes s'observent surtout dans les premiers centimètres. Les chevelus sont fins et verticaux.

Des traces de galeries de lombrics indiquent une bonne activité du vivant.

Des traces de particules blanches, solide, réagissant à l'acide chlorhydrique, indiquent un amendement calcique récent (il s'agit de maërl brut).

A 25 cm la terre est un peu plus compacte et semble former un sous-horizon. Elle se défait quand même, en agrégats plus grossiers, légèrement plus collante. Les racines sont rares. Les traces de matières organiques non décomposées sont absentes et la couleur est un peu plus claire.

Le second horizon

Sa profondeur est de 65 cm. La terre jaune-ocre est encore humide et plus compacte.

second horizon


Il n'y a pas trace de matières organiques, ni de racines.

De petits grains de quartz et des particules de mica apparaissent.

Des tâches ocres laissent supposer la présence de fer sous la forme ferrique (rouille). Des tâches blanches indiquent un lessivage d'argile sur les 20 derniers cm.

La fin de profil

A partir de 95 cm, la tarière crisse fort et pénètre avec difficulté. La frontière de l'horizon est net. C'est la roche mère. Une grande quantité de grains de quartz de moins de 1 cm apparaissent. Une carte géologique indique une roche granitique en décomposition.

Des propositions

Le travail du sol

C'est un profil typique de sol limoneux. Il n'est pas asphyxié mais il est essentiel de ne pas le laisser se compacter.

Le travail mécanique s'observe sur 25 cm de profondeur seulement. Des engrais vert ou le passage d'un outil à dents longues, de type décompacteur ou chisel, tous les deux ans en fin d'hiver, permettrait de maintenir sa structure sur plus de profondeur.

La faible présence de cailloux ne risque pas d'user prématurément les outils.

le chisel   le décompacteur
Principe du Chisel   Principe du Décompacteur

La protection

C'est un terre facile à travailler si on ne la laisse pas à nu et si on ne l'émiette pas en surface car il peut se former une croûte de battance due aux intempéries. Le sol ne doit pas être travaillé finement (les outils rotatifs sont à éviter). L'hiver, une couverture végétale le protègerait et l'aiderait à maintenir sa structure.

Le drainage

Il ne se justifie pas car il n'y a pas de stagnation. L'eau s'écoule correctement et les signes d'hydro-morphismes sont faibles. Le fossé sert à évacuer l'eau venant de la route. Le maraîcher n'a jamais eu de problème pour entrer dans sa parcelle.

Les apports

La roche mère n'étant pas calcaire, le sol est connu pour être acide. Des amendements calciques amélioreraient le pH et le bon développement des plantes. La présence dans le sol de maërl peu érodé, donc indicateur d'un pH peu acide, et le pH proche de 8 du compost utilisé ne rend pas urgent cet amendement.

La terre est encore assez compacte. Il manque de colloïdes. L'amélioration de la structure de ce sol passe par l'apport régulier de matières organiques destinées à produire de l'humus.

Les cultures

Le taux d'humidité est constant sur la profondeur du profil. La profondeur permet une bonne rétention d'eau pour les plantes. Une couverture végétale protège le sol de la sécheresse en évitant à l'eau de s'évaporer (l'eau remonte par capillarité).

La texture du sol, à tendance asphyxiante et froide, sa faible macroporositée et la légère orientation de la parcelle au nord, implique un réchauffement lent au printemps. Pour la culture, des variétés précoces (à cycle plus court) sont à conseiller.

La culture de l'année, pépinière de poireaux et oignons, n'a pas suffisamment ameubli le sol en profondeur. Il faudrait d'autres plantes avec des racines traçantes pour travailler la terre.

Les plantes peuvent souffrir de carences si les éléments minéraux sont peu retenus par des colloïdes, ce qui est la tendance des structures limoneuses. Des engrais vert permettraient de limiter ce lessivage en hiver. Des cultures à racines pivotantes ramèneraient ces élément en surface (les racines peuvent prospecter profondément). Les taux de matières organiques et d'argile observés sur la parcelle n'impliquent pas un fort lessivage. Cependant des apports de matières organiques, comme du compost en début de culture, sont fortement conseillés pour garantir la présence régulière d'éléments minéraux par minéralisation. La température douce de la côte bretonne, son climat humide, l'arrosage de la parcelle en été, favorise cette minéralisation.

Ces apport favorisent aussi l'activité biologique du sol. La présence de vers de terre qui ameublissent la terre et l'aèrent facilite le développement du chevelu racinaire et la dégradation de la matière organique. La couleur de la terre indique que la matière organique a été bien répartie et bien décomposée.

Analyse de terre

Le résultat d'analyse

Le Clos Siau - 18/11/2000

Laboratoire d'analyse : LDA22 - Zoopôle de Ploufragan.

Analyse physique
Texture Limon argileux
Poids de terre fine 4280 t/ha
Terre fine 950 ‰
Argile 220 ‰
Limons fins 190 ‰
Limons grossiers 350 ‰
Sables fins 120 ‰
Sables grossiers 70 ‰

 

Analyse chimique
pH eau 7,1    
Matière Organique 2,8 % taux 1 taux 2
P2O5 0,170 ‰ 0.060 0.160 (méthode Joret-Herbert)
CaO 2,025 ‰ 0.078 0.146
MgO 0,165 ‰ 0.098 0.168
K2O 0,245 ‰ (méthode Dumas)  
Azote 1,300 ‰    
T/S 118,50 %    
CEC 8,00 meq/100g    

La texture du sol

par présence de limons de taille inférieure à 2 m assimilée dans l'analyse à de l'argile.

Le pH

Le pH neutre ne contredit pas l’observation. Il autorise une bonne activité de la faune du sol, notamment l’activité microbienne. Les champignons parasites se développent moins bien dans ce milieu.

Ce pH permet la bonne transformation des substances azotées et ne bloque pas les ions phosphates. (non associés aux ions calcium). Les plantes cultivées peuvent bien se développer.

Un amendement calcique est inutile. Choisir un compost à pH neutre et non alcalin : par exemple un sol de pH supérieur à 7,5 risque de bloquer une culture d’épinards. Une culture de moutarde comme engrais vert permet d’ajuster l’acidité du sol.

La matière Organique

La MO est insuffisante dans le sol. Il faudrait un taux supérieur à 3% pour une terre cultivée. Un taux C/N indiquerait si la MO n’évolue pas bien ou s’il faut soupçonner un manque d’apport en MO. L’observation montre la présence de MO, cependant son taux n’est encore pas suffisant.

La C.E.C.

La CEC est faible. Un taux supérieur à 10 meq/100 g de terre fine est nécessaire. Il manque de colloïdes pour fixer les cations. Cependant, aucune carence ne s’observe : flore spontanée adaptée à une bonne terre, planches d’artichauts et de choux qui sont des cultures exigeantes. Un apport d’humus permettra d’augmenter le CAH (complexe argilo-humique), et donc la CEC.

Le T/S

Le Taux de saturation T/S indique un sol saturé en cations échangeables entre le CAH et la solution du sol. Aucun apport en calcium n’est nécessaire. Ce taux peut s’expliquer par un apport récent et trop important de maërl et de compost concentré (fientes) à minéralisation rapide. Un lessivage est à craindre cette année.

Le phosphore, Potasse, Magnésium

Les taux de P2O5, K2O, MgO sont nettement au dessus de niveau moyen. Une fumure n’est pas nécessaire, il suffit de compenser les départs des éléments minéraux. Si le sol est travaillé de bonne heure, l’activité microbienne commence vite pour libérer les éléments minéraux de mai à septembre. Ce stockage des éléments dans les micro-organismes assurent leur réorganisation et la baisse du pH par libération d’acides organiques.

Cependant, le taux de K2O est supérieur à celui du MgO ce qui rend ce dernier moins assimilable.

Le calcium

Le taux de CaO est élevé car le taux de saturation et le pH sont eux-même élevés. Aucun apport en calcium n’est nécessaire.

Des propositions

Afin d'augmenter le taux de MO, on apportera un compost se minéralisant lentement, comme celui des 4 Vaux qui donne 275 kg d'humus par tonne la première année. Les excès en éléments minéraux, notamment en azotes, sont réduits : N 0,8 % P 1,2 % K 0,8 %

Le déficit en MO du sol est de 2 t/ha/an :

4275 t de terre/ha x 2,8 % de MO présente x 1,75 % de minéralisation et de perte par lessivage.

31 t/ha de compost apporteraient 8,5 t/ha d'humus, pour parvenir à un taux de MO de 3 % Cette quantité serait apportée en plusieurs fois : 6 t/ha sur 5 ans.

les sols en Côtes d'Armor

Médiane communale des teneurs en matière organique, de 1990-1995 :


Ces valeurs sont en baisse depuis 20 ans (baisse des surfaces en prairies, apports de lisiers, labours profonds).

Matière organique
  < 20 ‰
  20 à 30 ‰
  30 à 40 ‰
  40 à 50 ‰
  50 à 70 ‰
  > 70 ‰

Teneur en matière organique des sols des Côtes d'Armor

Les données de la carte correspondent aux données de l'analyse...